Abdou Aziz Seck, peintre sénégalais de 37 ans, s’est trouvé un ennemi juré : l’Océan Atlantique. L’eau grignote inexorablement la côte, le menaçant de devoir quitter un jour son atelier situé en bord de plage de Mbao et le décor des façades fissurées des maisons, qui inspire ses tableaux. Lancé dans une lutte désespérée contre des forces naturelles qui le dépassent, l’artiste, brandissant son pinceau, se trouve des alliés aussi inspirés que lui. Un violoniste, des pêcheurs, des jeunes villageois, et aussi un instituteur et des écoliers, qui acceptent de mettre en scène son combat symbolique contre l’océan, à travers leurs créations : musique, paroles, dessins d’enfants, et surtout, une performance artistique sur la plage. La mère d’Abdou Aziz Seck ne l’entend pas de cette oreille. Réaliste, elle convainc son fils cadet, non de lutter contre l’océan trop fort pour lui, mais d’aider les familles concernées, dont la sienne, à trouver des logements adéquats loin de l’eau. La mort dans l’âme à l’idée de perdre à la fois son atelier et les façades fissurées qui l’inspirent, le peintre consent à mettre son talent au service des siens et à muer son pinceau en… baguette magique. A son appel, le village se mobilise pour l’aider à organiser une exposition de ses toiles où les façades des maisons parlent d’elles-mêmes. En final, le pinceau d’Abdou Aziz Seck obtient une belle victoire : celle d’une parole citoyenne pour un avenir meilleur pour tous, à l’abri de l’eau… sous les auspices de l’art.